Introduction à Samurai Flamenco
Comment expliquer simplement ce qu’est réellement Samurai Flamenco ?
Ce super-héros vraiment excentrique est né de l’alchimie entre le réalisateur de la série Durarara!!, Takahiro Ômori, et l’auteur d’Excel Saga, Hideyuki Kurata. Cette série a subi autant voire plus de mutations que Bruce Banner n’ait jamais vécu dans sa vie de Hulk ! Si vous pensiez avoir fait le tour de la série au bout de quelques épisodes, préparez vous à devenir complètement dingue ! Parmi les premiers avis des critiques spécialisés, l’un d’eux titrait : « Je n'arrive pas à décider si je dois écrire Samurai Flamenco est brillant ou mauvais », ce qui en soit est une excellente nouvelle pour les amateurs d’anime !
L’histoire débute de nos jours à Tokyo. Un soir, un policier ayant terminé son service (Goto) rencontre un jeune homme... nu (Hazama), tout penaud, dans une ruelle défraichie. Hazama prétend être un super-héros vaincu dans un combat contre un terrible méchant… qui s’avère, par la suite, être un pauvre ivrogne ayant allumé sa cigarette en dehors de la zone réservée (il est interdit de fumer en dehors des zones réservées dans les rues du Japon). Goto reste incrédule face à cette situation inédite, mais Hazama semble être vraiment sincère… Naïvement sincère même, c’est ce que comprend Goto lorsque Hazama lui montre son costume façon Power Rangers, soit un style résolument Sentaï à l’ancienne. Le jeune homme se déclare être Samurai Flamenco, un héros qui allie "le noble esprit du samourai et la passion d'un danseur de flamenco" !
Hazama essaie tant bien que mal (surtout mal) d’appliquer la tolérance zéro sur tous les « crimes » quels qu'ils soient, ce que Goto perçoit comme étant totalement vain et même trivial. Le summum de la bêtise d'Hazama est atteint lorsque celui-ci s’en prend à une femme sortant ses poubelles un peu trop tôt. Oui, car là encore, au Japon, non seulement on se doit trier à l’extrême ses déchets (par exemple séparer les bouteilles de verre du verre…) mais on doit également veiller à ne pas encombrer la rue de sacs poubelles pour des raisons de voisinage mais aussi à cause des nuisibles (rats, corbeaux) qui peuvent s’attaquer aux déchets et les éparpillants.
Goto voit alors le jeune Hazama comme étant un garçon vraiment pathétique mais devant accomplir son devoir de policier, celui de protéger tous les civils, il essaie tant bien que mal de calmer les ardeurs du jeune homme et de le protéger autant que faire se peut de sa propre stupidité.
Et puis… les choses s’accélèrent. Samurai Flamenco devient viral sur internet, à la manière de Chibatman, le Chevalier Noir de la préfecture de Chiba (écoutez Batman parler en japonais à 1 minute de la vidéo, on croirait le vrai!). Tout le monde se met à parler de Samurai Flamenco : des infos aux émissions de divertissement grand public, il devient une vedette et rapidement une récompense est offerte à celui qui dévoilera son identité. Ah, et sans mentionner le fait qu'Hazama est un jeune mannequin célèbre ("idol") vivant de son joli minot et travaillant pour des grandes marques. C’est à ce moment-là qu’un second héros façon cosplay apparaît et affirme être LE Samurai Flamenco. Puis, les événements deviennent vraiment étranges…
L’Anti-héros, ou encore héros alternatif, est un genre qui existe déjà bel et bien à l’instar des réinterprétations multiples de Sherlock Holmes, D’Artagnan, etc. Ce procédé est utilisé aussi bien par des réalisateurs qui adorent les héros ou qui les détestent, ou encore ceux qui tentent l’essai et en tirent ensuite des conclusions suivant l'accueil du public. Samurai Flamenco débute d’ailleurs de la même façon que deux films sortis en 2010 : Kick-Ass de Matthew Vaugn et Super de James Gunn’s. Ces deux films livrent chacun leur propre vision de ce qu’il pourrait arriver si un fan de comics était assez fou pour endosser un costume de super-héros pour de vrai et se mettait à agir comme un héros, Même si au final, ces deux films arrivent à des conclusions bien différentes. (Au passage, notons que le film Kick-Ass aboutit à une conclusion diamétralement opposée de celle du comic orignal de Mark Millar et John Romita, Jr.)
Samurai Flamenco se distingue également par le traitement du scénario. En cela, il rejoint la tradition des grands retournements de situation qui bouleversent complètement le déroulement du récit. Pour citer un exemple sans risque de spoiler, citons la série TV Evangelion.
Il appartiendra donc à chacun de voir en Samurai Flamenco soit une série qui traite avec humour la thématique des super-héros ou soit un grand n’importe quoi organisé, puisque la série va de rebondissement en rebondissement.
Rappelons ici à juste titre que le Japon a dans sa culture son propre héritage de récits de super-héros. Les Power Rangers (du genre Super Sentaï) font office de référence de premier plan dans Samurai Flamenco. On citera également l’influence dans cette production des magical girls, sorte de dérivés des princesses de l’univers Disney aboutissant à des escadrons de combat tels que Sailor Moon, Precure ou encore Puella Magi Madoka Magica (à ne pas mettre entre toutes les mains). Il y a également de nombreux gags faisant référence à la culture et la mentalité contemporaine japonaise. Par exemple, lorsque Flamenco se refuse à traverser un feu piéton rouge alors qu’il est à la poursuite d’un mécréant, ou encore son équipement qui s'inspire plus d'un rayon Office Depot que du vestiaire de Bruce Wayne ! Tout comme dans Tiger & Bunny, la place des medias de nos sociétés contemporaines dans le récit de Samurai Flamenco est prépondérante dans le déroulement de l’histoire. Quand il ne cherche pas à être un super-héros, Hazama poursuit sa quête de célébrité en tant que « tarento » (« talent ») ou « idol », concept qui pourrait se transposer dans nos contrées à des jeunes cherchant à être connus en participant à des émissions de télé-réalité et s'appuyant sur leur jolis minois.
En résumé, si vous tentez d’imaginer ce que donnerait Fantômette dans les années 2010 menant sa double vie, l’une la nuit en tant que justicière masquée, et l’autre à la quête de la célébrité sur les chaines du PAF (et non pas à l’école de Framboisy), le tout saupoudré d’une bonne dose d’humour et ayant lieu au Japon, vous obtiendrez une idée assez proche de ce qu’est Samurai Flamenco !
Article par Andrew Osmond.
Traduit et adapté par l’équipe @Anime France.
Andrew Osmond est l’auteur de l’ouvrage 100 Animated Feature Films (en langue anglaise uniquement).
Samurai Flamenco est disponible dès à présent en France en édition DVD et Blu-Ray.